Fondée en 1949 par Rémy Gautier à Hédé, la Société des Transports Gautier (STG) avait alors pour activité principale le transport de bestiaux vivants. A cette époque elle était dotée de 2 camions isothermes, 3 bétaillères et 1 citerne. Entreprise familiale bretonne, STG a su grandir et évoluer au rythme des mutations du marché et des attentes de ses clients. L’activité est passée d’un marché breton axé sur l’exportation, au transport de produits finis en lien avec la croissance du marché agro-alimentaire. En septembre 2018, Jean-Yves et Antoine Gautier, fils du fondateur et co-dirigeants du Groupe, décident d’ouvrir le capital de l’entreprise pour lui donner les moyens de répondre aux nouveaux enjeux de la logistique du froid. Hivest Capital Partners devient l’actionnaire de référence à hauteur de 75% du capital de l’entreprise. La famille Gautier conserve 25%.
Notre histoire
EXTRAIT DU HORS-SÉRIE “Charge Utile”, N°93. Réalisé par Jean-François Colombet.
LES ORIGINES
Rémy Gautier, un solide Breton d’Ille-et-Vilaine, n’a que 19 ans lorsqu’il reprend en 1949 l’entreprise de transport et de négoce de bestiaux créée par son père Georges au début des années trente à La Beaussaine, près de Rennes. À l’époque de ce dernier, les pneumatiques ballons qui viennent d’apparaître ouvrent enfin aux camions lourds la voie de la longue distance. Aussi les « transports rapides G. Gautier » assurent-ils un service régulier Paris-Rennes Saint-Malo-Dinan, à raison de deux aller/retour. par semaine.
DU NÉGOCE DE BESTIAUX AU TRANSPORT
Mais les années quarante resteront sombres pour Rémy et ses trois frères et sœurs: ils perdent successivement leur père en 1945 puis leur mère en 1949. Et c’est avec la plus âgée de ses sœurs que le jeune orphelin tout juste émancipé reprend l’entreprise paternelle et s’installe à Hédé, également dans la région rennaise. Le premier camion est un Rochet-Schneider 485 Ajax . Et la société compte déjà cinq véhicules, tous carrossés en bétaillère, quand Rémy rachète les parts de sa sœur en 1951, alors qu’il vient juste d’être libéré de ses obligations militaires. Au volant des cinq camions, dont trois Bernard de 105 chevaux et deux Unie, Rémy et ses chauffeurs chargent le bétail chez les nombreux petits éleveurs de la région de Rennes et poussent peu à peu jusqu’à Combourg, Dinan puis Lamballe (Côtes du-Nord). Ils le convoient ensuite jusqu’à Paris, aux abattoirs de La Villette puis de Vaugirard. Il faut 12 heures pour effectuer le trajet de Rennes à Paris. La route est une des plus mauvaises de France, bombée et farcie de nids de poule… Au retour, les camions chargent de la messagerie et des marchandises diverses pour la Bretagne. Peu après, le parc de véhicules de la maison compte trois bétaillères, deux fourgons isothermes et un camion-citerne; le négoce de bestiaux est progressivement délaissé au profit du transport. Au retour, les camions chargent de la messagerie et des marchandises diverses pour la Bretagne. Peu après, le parc de véhicules de la maison compte trois bétaillères, deux fourgons isothermes et un camion-citerne; le négoce de bestiaux est progressivement délaissé au profit du transport.
LES ANNÉES SOIXANTE
Au début des années soixante, la situation des transports commence à évoluer en France. Le réseau routier s’améliore alors que le Marché commun se met en place, laissant augurer un développement conséquent des transports internationaux. Sur le plan du matériel, les véhicules deviennent plus rapides et plus performants, tandis que la palettisation commence à apparaître, qui va révolutionner le transport routier. Le transport rail-route devient de ce fait moins compétitif. C’est la raison qui conduit Rémy Gautier à délaisser progressivement l’activité rail-route à parti de 1962, à la suite d’une grève prolongée de la SNCF.
À partir du milieu des années cinquante, les camions se multiplient au sein du parc. Aux côtés de quelques Mercedes vendus par le garage Delourmel, on trouve alors une majorité de Bernard, principalement des tracteurs TD 150.35 de150 chevaux et des TD 180.35 de 185 chevaux, ainsi que quelques porteurs. Tous sont équipés de luxueuses cabines réalisées par Pelpel à Noyal-sur-Vilaine, à quelques kilomètres de là.
A cette époque, le transport de bestiaux est devenu insignifiant. En effet, la multiplication des abattoirs municipaux et privés en Bretagne provoque le déclin inexorable du transport de bestiaux vivants sur Paris. L’entreprise se spécialise dès lors dans le transport de viande pendue. Les semi –remorques isothermes de l’entreprise disposent de carrosseries à ossature en bois revêtues de tôles d’aluminium bouchonné à l’extérieur et de plaques d’acier inoxydable à l’intérieur; l’isolation fait appel à des plaques de liège. Si le froid est encore obtenu au moyen de pains de glace sur les modèles les plus anciens, on voit apparaître les premiers groupes frigorifiques Thermo-King avec moteurs à essence. Les carcasses sont d’abord essentiellement livrées sur Paris mais, à la demande de certains clients, les ensembles verts et blancs de chez STG vont peu à peu se risquer jusqu’à Nancy, Metz, Mulhouse, Colmar, Strasbourg puis Sarrebuck, en Sarre, encore sous occupation française
LA MESSAGERIE EN COMPLÉMENT
Si le transport frigorifique constitue l’activité principale de STG, le fret retour est le plus souvent constitué de messagerie. De fait, dans les années soixante, les camions de l’entreprise arborent la mention « L’Ille-et-Vilaine tous les jours ». Les petits porteurs Mercedes de la flotte livrent la messagerie sur la région rennaise le matin avant d’effectuer la ramasse en frigorifique durant l’après-midi chez les petits producteurs de viande locaux. Au fil des années, l’activité de messagerie ira croissant et la cavalerie des transports Gautier s’enrichira de nombreux fourgons classiques, principalement des Mercedes.
LES ANNÉES SOIXANTE-DIX
UNE NÉCESSAIRE DIVERSIFICATION
Début 1970, la Société des transports Gautier est devenue l’un des acteurs majeurs du transport de viandes en France. Si cette situation constitue une force pour l’entreprise, elle peut également se muer en handicap en cas de retournement de tendance : l’épidémie de fièvre aphteuse qui touche la France et particulièrement la Bretagne génère ainsi un effondrement des tonnages à transporter. Pour Rémy Gautier, c’est un avertissement. Aussi, le patron va dès lors s’ingénier à diversifier les activités de son entreprise. Dans un premier temps, il développe la messagerie, qui représente une part croissante des frets retours. En 1972, STG tente de nouveau une aventure dans le rail-route avec les nouvelles semi-remorques « kangourou », mais l’expérience ne sera pas concluante et le matériel sera revendu. En 1974, du fait de la multiplication des véhicules, le site de Rennes est devenu trop exigu. Rémy Gautier fait donc l’acquisition d’un immense terrain de neuf hectares sur la commune de Noyal-sur-Vilaine, le long de la nouvelle rocade, à l’est de Rennes. Un bâtiment de bureaux est édifié, ainsi qu’un autre de 3 000 m2 dédié à la messagerie avec une petite chambre froide et des ateliers dédiés chacun à une spécialité : entretien courant (vidanges, pneumatiques, préparations aux Mines), mécanique, tôlerie, carrosserie polyester, peinture, groupes frigorifiques… Inaugurées en novembre 1974, les installations du site ne cesseront de s’étendre jusqu’à aujourd’hui.
Au milieu des années soixante-dix, l’entreprise décroche un contrat auprès de Citroën. Il s’agit d’acheminer des éléments de carrosserie depuis les implantations de la marque à Aubervilliers et Aulnay sous-Bois (Seine-Saint-Denis) jusqu’à l’usine de Rennes- La Janais (Ille-et-Vilaine). Pour ce faire, la société se dote d’une petite flotte de véhicules de grande hauteur, camions-remorques et semi-remorques à rideaux coulissants, qui porteront les couleurs jaunes et bleues de Citroën. Chacune d’entre elles permet à l’époque d’emmener huit caisses en blanc de 2 CV. Par la suite, un certain nombre d’ensembles STG arboreront la livrée bleue de Gefco et transporteront des pièces automobiles pour le groupe PSA. D’autres semi-remorques bâchées permettent à la société de transporter des produits agro-alimentaires.


C’est à la même époque que STG se lance dans le transport d’hydrocarbures. Certes, l’entreprise possédait déjà quelques semi-remorques citernes, mais c’est la reprise de la société ERM en faillite à la barre du tribunal de Rennes qui lui permet de se développer dans ce domaine. L’activité sera plus tard structurée autour d’une nouvelle entité dédiée, THB (Transports d’hydrocarbures de Bretagne), qui comptera jusqu’à 65 ensembles. Cette activité qui emploiera 80 salariés sur la fin sera cédée à Samat.
En parallèle, les transports STG développent une activité de transport de céréales à destination de la Bretagne. La multiplication des élevages en Bretagne nécessite en effet la mise en œuvre de quantités croissantes d’aliments pour le bétail. Jusque-là, l’entreprise possédait quelques semi-remorques frigorifiques qu’elle avait fait équiper de trappes dans le pavillon permettant de les remplir de céréales par le haut, le vidage étant assuré en montant les ensembles complets sur des plates-formes basculantes. Les céréales constituaient un fret retour apprécié. Mais, sollicité par des clients, STG se dote bientôt de semi-remorques céréalières palettisables Bénalu puis Stas à trois essieux. Il y en aura jusqu’à 40 au sein du parc. Ces semi sont chargées dans les bassins céréaliers de la Beauce ou de la Champagne à destination de la Bretagne. À l’aller, elles chargent entre autres 30 à 33 palettes de conserves, du papier pour Oberthur et de la farine Francine.
Enfin, la diversification des activités touche également le cœur de métier de la maison, à savoir le transport frigorifique. À la viande bovine pendue viennent s’adjoindre de nombreux autres produits : viande ovine et porcine, volailles mais aussi produits préparés en barquettes, salaisons, fromages et produits laitiers, etc., dont la Bretagne se fait une spécialité. L’ensemble génère des volumes en croissance régulière, de sorte que la viande de bœuf devient bientôt minoritaire. Les véhicules sont adaptés à ces nouvelles exigences : les nouvelles caisses frigorifiques incorporent d’origine des aménagements tels que des rails permettant l’installation d’étagères de rangement pour accueillir des bacs, des coffres à palettes…
LES ANNEES QUATRE-VINGT
C’est au cours des années 80 que STG entreprend sa politique de croissance externe, en rachetant des entreprises de transport frigorifique au gré des opportunités. Ce sont les transports Merret qui ouvrent le bal. Le rachat de la célèbre maison de Morlaix (Finistère) n’est qu’un épiphénomène puisque la société appartenait au beau père de Rémy Gautier. En 1983, STG s’installe à Orly (Val-de-Marne), aux portes de Paris, dans la nouvelle zone industrielle de la Senia. Dotée d’entrepôts frigorifiques, cette nouvelle agence reçoit d’abord des véhicules en provenance de Noyal-sur-Vilaine avant de se voir dotée de véhicules neufs. Son parc grossira au fil des années jusqu’à compter plus de 60 moteurs. Ses véhicules assurent un dégroupage efficace des chargements en provenance de Bretagne. La proximité du MIN (marché d’intérêt national) de Rungis constitue également une force pour le site qui y trouve un complément d’activité intéressant.
C’est Jean-Yves, le fils aîné de Rémy Gautier, qui prend la direction du site en 1987. Diplômé d’une école de commerce, Jean-Yves travaillait comme chauffeur régional, national puis international pour l’entreprise durant ses vacances. En 1981, il dirige l’exploitation d’un bureau dans la zone d’activité de la Sogaris à Orly. En 1987, Rémy Gautier décide de multiplier les plates-formes en Bretagne. STG prend ainsi une participation au capital des transports Le Goff de Landevant (Morbihan), avant de racheter totalement l’entreprise en 1987. Puis une agence dédiée est ouverte à Nantes (Loire-Atlantique} en 1990. Une année auparavant, en 1989, STG se porte acquéreur des transports Boissel de Quimper (Finistère). Chaque nouvelle société rachetée et chaque nouvelle implantation deviennent des filiales avec leurs numéros de parc propres.
LES ANNÉES QUATRE-VINGT-DIX
En 1992, Jean-Yves Gautier devient directeur commercial de STG et responsable du développement de l’entreprise. La même année, son frère Antoine est nommé à la tête des transports Merret de Morlaix, avant de devenir directeur du site de Noyal pour la distribution frigorifique. Durant les années quatre-vingt-dix, tous deux poursuivent une politique dynamique de croissance externe et d’implantation régionale.
1991 voit l’inauguration d’une agence à Lyon (Rhône), laquelle devient GLF (Groupement logistique du froid) en 1993.
En 1992, STG reprend Sodinor (Société de distribution normande) à Rouen (Seine-Maritime).
En 1993, l’entreprise crée une nouvelle filiale, TGN (Transports Gautier Normandie) à Frénouville, à l’est de Caen (Calvados).
L’année suivante, en 1994, c’est l’ouverture d’une agence à Strasbourg (Bas-Rhin).
En 1996, c’est au tour des transports Haquin de Ludres (Meurthe-et-Moselle) de rejoindre le groupe; ils sont suivis de près en 1997 par les transports Struby de Reims (Marne).
Enfin, 1998 voit la création d’une filiale commune internationale avec KV Nagel en Allemagne, STG-Nagel logistique. C’est en 1996 qu’intervient la passation de témoin : Jean-Yves Gautier devient président de l’entreprise qu’il co-dirigera désormais avec son frère Antoine.
L’année 1992 coïncide avec l’arrivée des premières semi-remorques Schmitz. Le constructeur allemand est alors le seul à proposer des semi frigorifiques à deux niveaux avec rails encastrés, lesquelles permettent d’obtenir une hauteur intérieure de 2,90 m, contre 2,70 m pour une semi normale. Ces 20 cm se révèlent particulièrement utiles pour loger un deuxième étage de palettes au-dessus du premier. Dans la plupart des cas, en effet, il est impossible de gerber les palettes directement les unes sur les autres du fait du manque d’homogénéité de ces dernières ou bien de la fragilité des produits.
DE 2000 à 2018
La croissance de l’entreprise se poursuit à un bon rythme. En 2000, STG se dote d’une agence à Libercourt (Pas-de-Calais), suite au rachat des transports Cardon. En 2001, c’est la créa tion de Trans Plus Savoie à Chambéry (Savoie), en 2003 de GLN (Groupement logistique du Nord) à Amiens (Somme) et Libercourt, en 2005 d’Axe Froid à Villars-les-Dombes (Ain) et en 2007 de GLC (Groupement logistique Cholet) à Cholet (Maine-et-Loire). En 2008, STG rachète les transports Rambeau de Cournon-d’Auvergne (Puy-de-Dôme). L’année suivante, le site de Landévant (Morbihan) déménage à Nostang.
En février 2011 sont créées les filiales GPN (Gautier prestations nord) à Carvin (Pas-de-Calais) et GPS (Gautier prestations sud) à Entraigues (Vaucluse). En avril de la même année, STG se porte acquéreur des transports Renaud de Pons (Charente-Maritime), qui exploitent un parc de Scania et d’lveco. En novembre 2012, le logo STG évolue. Il est désormais composé de lettres aux formes adoucies et plus modernes. En mai 2013, c’est l’ouverture de la nouvelle plate-forme messagerie industrielle à Noyal-sur-Vilaine (7 000 m2, 72 portes de quais).
En août 2014, la société inaugure une plate-forme pour Auchan à Samazan (Lot-et-Garonne) dédiée aux fruits et légumes. Enfin, juillet 2016 voit l’ouverture d’une plate-forme logistique à Orly. Baptisée GPP (Gautier prestations Paris), cette dernière incarne la nouvelle activité STG solutions restauration. Entre-temps, le 10 juillet 2010, Rémy Gautier, le fondateur de l’entreprise, s’éteint à l’âge de 79 ans. Personnel de l’entreprise, confrères, donneurs d’ordre et fournisseurs, tous saluent la mémoire d’un homme exceptionnel.